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05/07/2008

Maladies cardio-vasculaires et diabète: effets indésirables de l'Enantone, Eligard et Cie en traitement du cancer de la prostate

Il est question d’effets indésirables tels : morbidité et mortalité cardio-vasculaire (infarctus du myocarde, mort subite par arrêt cardio-respiratoire, etc.), insulinorésistance et diabète chez les hommes traités pour un cancer de la prostate par Enantone, Décapeptyl, Eligard, Viadur, Gonapeptyl, Zoladex, Suprefact, Lucrin, Lupron ou tout autre médicament de la classe des analogues agonistes GnRH (aussi appelés agonistes LHRH).

Cette étude a été faite en 2006 par une équipe de Harvard dirigée par Nancy Keating et publiée dans le Journal of Clinical Oncology, référence majeure aux USA. Elle a porté sur plus de 73.000 hommes souffrant d’un cancer de la prostate, dont une bonne partie ont été traités par analogues agonistes GnRH et un certain pourcentage par orchidectomie (castration chirurgicale). Aux Etats-Unis, c’est l’Enantone (Lupron) qui est en position de quasi-monopole. C’est donc d’elle qu’il s’agit principalement. Les effets secondaires constatés ont été sévères, inquiétants au point que les auteurs recommandent, en dehors des cancers métastasés, de bien peser le pour et le contre dans chaque cas où une hormonothérapie est envisagée.

Les références complètes du texte sont :  Nancy L. Keating et al. Harvard Medical School : "Diabetes and Cardiovascular Disease During Androgen Deprivation Therapy for Prostate Cancer." Journal of Clinical Oncology Sep. 20, 2006 (Vol. 24, No. 27: 4448-4454).

 

Quelques extraits traduits de l'anglais:

« Dans cette vaste étude de population comprenant des hommes plus âgés souffrant d’un cancer de la prostate local ou régional, nous avons constaté que la thérapie de suppression hormonale par analogues agonistes GnRH était associée à un risque accru d’incidence du diabète, des maladies cardiaques coronariennes, d’infarctus aigu du myocarde et de mort soudaine par arrêt cardiaque. De plus, même un traitement de courte durée par agonistes GnRH était associé à un risque plus élevé de développer ces maladies et le risque accru persistait chez les hommes sous traitement plus long.

Chez ces hommes souffrant d’un cancer de la prostate, le taux de décès dû à des causes autres que ce cancer lui-même est plus important que le taux équivalent dans la population générale, et cette augmentation pourrait être due au moins en partie au traitement [3]. Une récente étude randomisée sur la radiothérapie dans le cancer de la prostate a trouvé qu’un traitement adjuvant de longue durée par agonistes GnRH était associé à un taux de mortalité - pour des raisons autres que le cancer - plus important que le taux observé avec un traitement adjuvant de courte durée [34]. [Le traitement adjuvant veut dire l’association d’une hormonothérapie au traitement principal, qu’il s’agisse de chirurgie, de radiothérapie, etc.]

Une autre étude observationnelle conduite chez des hommes souffrant d’un cancer de la prostate à un state débutant et traités par brachythérapie, associée ou non à des agonistes GnRH, a conclu que les hommes qui avaient eu une thérapie de suppression hormonale de courte durée avaient dans l’ensemble des taux de survie moins bons que ceux qui n’avaient pas eu ce type de traitement hormonal. Alors que la mortalité due spécifiquement au cancer était la même dans les deux groupes [35]. Le risque augmenté de diabète et de maladies cardiovasculaires, qui apparaissent tôt au cours du traitement et se maintiennent par la suite, explique au moins une partie le nombre excessif de décès dus à autre chose que le cancer, tel qu’il a été constaté dans ces études. D’autres données suggèrent que les hommes ayant un cancer de la prostate localisé traités par suppression hormonale font état d’un état de santé plus mauvais que ceux qui n’ont pas eu ce traitement [36]. L’apparition de nouvelles maladies telles celles que nous avons étudiées [diabète et maladies cardiovasculaires] pourrait elle aussi expliquer le déclin de l’état de santé dont ces hommes rendent compte.

L’association des analogues agonistes GnRH avec un risque accru de diabète et de maladies cardiovasculaires est biologiquement plausible. Les agonistes GnRH augmentent de façon significative la masse graisseuse et les taux d’insuline en dehors des prises alimentaires [37, 38] et diminuent la sensibilité à l’insuline [16]. [D’où le développement possible d’un syndrome d’insulinorésistance, appelé aussi syndrome métabolique]. D’autres modifications causées par le traitement peuvent aussi contribuer à l’association des agonistes GnRH avec des problèmes cardiovasculaires : élévation des lipoprotéines sériques [= taux de graisses dans le sang] [15, 38] et rigidité des parois artérielles [37] tout comme l’allongement possible de l’intervalle QT [anomalie du rythme cardiaque][17].

Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer encore mieux les mécanismes par lesquels les agonistes GnRH s’associent à un risque augmenté de diabète et de maladies cardiovasculaires. Nos observations sur le fait que cette association apparaît déjà dans un traitement de courte durée sont confortées par les données sur la rapidité avec laquelle interviennent les changements dans la masse graisseuse et dans la sensibilité à l’insuline. Des études physiologiques montrent qu’un traitement de courte durée par analogues agonistes GnRH augmente la masse de graisse [et diminue la masse musculaire], mais qu’il n’y a pas d’effet d’accumulation prolongée lors d’un traitement plus long [39]. Ce qui veut dire qu’une hormonothérapie prolongée n’entraînerait pas un risque cumulatif par rapport à celle de courte durée. De plus, certains patients peuvent être plus à risque que d’autres pour telle maladie, ce qui fait qu’elle apparaît tôt au cours du traitement.

Nous avons constaté que l’orchidectomie [= castration chirurgicale] était associée elle aussi à un risque plus élevé de diabète, mais pas de maladies cardiaques coronariennes, ni d’infarctus du myocarde ou de mort soudaine par arrêt cardiaque. Sachant que les analogues agonistes GnRH provoquent une castration [chimique] effective, nous pensions que les effets de ces médicaments seraient similaires à ceux de la castration chirurgicale. Les hommes ayant subi une castration chirurgicale étaient relativement peu nombreux (6,9%), ce qui fait que notre étude ait pu être moins représentative pour les effets secondaires de l’ablation des testicules et ne pas avoir toute latitude à détecter une association entre orchidectomie et maladies cardiovasculaire".

 

Le professeur Mattehw R. Smith, co-auteur de l’étude de Harvard est cité dans un commentaire sur le site de la American Cancer Society : « "Les médecins devraient bien réfléchir avant de prescrire des agonistes GnRH dans des situations dans lesquelles des études n’ont pas montré que ce traitement améliorerait le taux de survie, tant qu’on n’en saura pas plus sur les risques de ces médicaments. »

Le commentateur ajoute que les experts s’accordent à dire que la découverte de ces risques « devrait amener les médecins qui prescrivent ces traitements [Enantone, Décapeptyl, Viadur, Eligard] de façon routinière à lever le pied." 

"Ces résultats devraient nous rendre plus prudents à prescrire de tels traitements, sans nous empêcher de les utiliser lorsqu’ils sont nécessaires", dit David Smith, professeur d’urologie et de médecine interne à Harvard (qui n’a pas participé à cette étude). Selon lui, l’hormonothérapie peut être bénéfique et améliorer la survie en cas de cancer de la prostate, mais les bénéfiques qu’on en attend doivent être soigneusement pesés au vu du risque que les patients développent d’autres maladies dangereuses [provoqués par Enantone et les autres]. Selon Smith, les indications évidentes de l’hormonothérapie sont les cancers métastasés, alors que le patient moyen avec un cancer nouvellement diagnostiqué ne relève a priori pas de cette indication 

Et Smith et les auteurs de l’étude soulignent que les hommes qui s’apprêtent à commencer un traitement de déprivation androgénique [autre nom de la suppression des hormones mâles] doivent être conseillés sur certaines stratégies à appliquer, telles l’exercice et la perte de poids afin de réduire le risque de développer un diabète ou des maladies cardiovasculaires. »

01/06/2008

Puberté précoce: attention à l'erreur de diagnostic... Une étude clarifie les choses

Paul Kaplowitz, un endocrinologue pédiatrique d’un centre hospitalier pour enfants de Washington a publié une étude dans la revue internationale d’endocrinologie la plus réputée (JCEM : Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism), décrivant l’évaluation des 104 enfants qui lui ont été adressés pour une puberté précoce supposée…

Références et lien vers le texte complet (en anglais) à la fin. Nous présentons ici les grandes lignes pour ceux qui ne parlent pas anglais.

Les résultats sont étonnants… Parce que l’auteur explique qu’il y a une très grande diversité dans le développement des enfants, dans les taux d’hormones, et surtout qu’il peut y avoir des épisodes de croissance très rapide ou d’autres signes qui pourraient laisser penser que l’enfant en question – il s’agit de filles, la plupart du temps – sera bientôt pubère… Signes tels des poils pubiens, début de poitrine, voir même des saignements ressemblant à des règles… Or cela ne veut pas dire que ce soit une puberté précoce, que les règles soient imminentes. Parce qu’il s’agit la plupart du temps de manifestations hormonales qui s’équilibrent toutes seules au fil du temps....

Sur ces 104 enfants, 78% ( !) ont eu des diagnostics tout ce qu’il y a de plus banals : soit une accélération passagère et temporaire de la production hormonale soit alors des variantes de la normale ne nécessitant AUCUN traitement. Ou alors il s’agissait tout simplement de craintes non vérifiées des parents et des médecins qui avaient adressé des fillettes très souvent pour un début de poitrine, survenu à un âge moyen de 7 ans. Or, dans 41% des cas, c’était en fait de la graisse

Beaucoup d’enfants n’avaient pas de poils pubiens à proprement parler, mais des poils tout court, comme ailleurs sur le corps. D’autre part, il existe des poils pubiens infantiles qui disparaissent au cours du développement. Des études récentes ont mis en évidence le fait qu’en moyenne 30% des fillettes noires et 7% des fillettes blanches ont déjà des poils pubiens à 8 - 9 ans, sans que cela soit un signe de puberté précoce, sans aucune anomalie endocrinienne, rappelle le Dr Kaplowitz.

13% des filles souffraient d’une acanthosis nigricans, une maladie caractérisée par des tâches de peau et des anomalies de l’insuline chez des enfants obèses, surtout s’ils ont la peau noire. Cette maladie peut entraîner des signes de puberté. Mais dans ce cas, la puberté n’est pas d’origine centrale (ce qui veut dire venant de l’hypothalamus, cette partie du cerveau contenant les neurones qui produisent l’hormone GnRH qui déclenche la puberté et sur laquelle agit l’Enantone). Or seule la « puberté précoce centrale » est à traiter par des analogues agonistes GnRH.

Le Dr Kaplowitz remarque qu’il n’y avait que très peu d’enfants ayant une véritable maladie endocrinienne, et ce malgré les signes trompeurs qui avaient motivé les consultations en endocrinologie… Et le résultat en dit long : sur les 104 enfants, SEULS 4% ont dû avoir recours à un traitement hormonal ou à la chirurgie (en cas de tumeurs entraînant une puberté).

La conclusion de Kaplowitz est que la plupart des consultations sont inutiles. D’ailleurs, la plupart du temps, une seule consultation a suffi. Dans la majorité des cas, il n’y a même pas besoin d’analyses ou d’examens ; il suffit d’une observation du développement de l’enfant pendant quelque temps. L’auteur note aussi qu’il faut rassurer les parents et les pédiatres.

Commentaires : Il est certain que la publicité faite par les laboratoires à des médicaments comme Enantone et Décapeptyl, présentés comme sans dangers, l’influence des financements des médecins par les laboratoires et la référence à une puberté standard qui doit arriver à tel âge – mais qui n’existe pas en fait - sont des facteurs qui contribuent directement ou indirectement à sensibiliser les parents et les pédiatres ou généralistes de bonne foi à tout signe peu habituel ou inhabituel…

Le Pr CAREL, spécialiste français de la puberté précoce, est financé en continu – lui et son équipe – par les laboratoires qui produisent Enantone (Takeda) et Décapeptyl (Ipsen), en plus de ce qu’il reçoit pour des activités ponctuelles de la part des mêmes firmes et de la part de 7 ou 8 autres fabricants d’hormones. Ces « détails » figurent dans sa déclaration publique d’intérêts financiers sur le site de l’Agence de sécurité sanitaire (AFSSAPS).

Références de l’étude :

Paul Kaplowitz, J Clin Endocrinol Metab. 2004 Aug;89(8):3644-50

Clinical Characteristics of 104 Children Referred for Evaluation of Precocious Puberty.

Résumé:

“The charts of all children referred to the author for evaluation of signs of early puberty between October 1999 and October 2002 were reviewed. Criteria were developed to assign patients to one of seven diagnostic categories based on age, growth, and clinical findings, and differences from the population mean for height and percentage of ideal body weight in the different groups were determined.

Most of the patients referred (87%) were female, and the two most common diagnoses made were premature adrenarche (46%) and premature thelarche (18%). Only 9% (all girls) were thought to have true precocious puberty. Two conditions not well described in the literature, pubic hair of infancy and premature menses, were found in 8 and 5%, respectively. Patients with premature adrenarche were significantly taller and more overweight than the general population; a subgroup had evidence of accelerated growth and bone maturation but no worrisome endocrine findings. Acanthosis nigricans was found in 13% of the girls in this study, but the incidence of true endocrine pathology was very low.

The majority of children being referred for precocious puberty have benign normal variants, with a very low incidence of endocrine pathology. Most girls presenting with minimal breast or pubic hair development and normal growth velocity may be managed with observation and without a full endocrine evaluation.

Commentaires sur le contexte médico-pharmaceutique qui pousse aux traitements par analogues agonistes GnRH (Enantone, Décapeptyl), dès qu’il y a la moindre différence par rapport à la « normalité » ambiante.

Cette tendance à considérer toute variante qui dévie des normes standard comme pathologique s’inscrit dans le contexte plus large d’une industrie pharmaceutique qui cherche à médicaliser tous les aspects de la vie pour augmenter son chiffre d’affaires…

Pour l’analogie, tout enfant qui bouge beaucoup, est curieux, etc. est à risque de nos jours d’être diagnostiqué comme souffrant d’hyperactivité… Aux Etats-Unis, il y a un pourcentage spectaculaire d’enfants – surtout pauvres et issus des minorités ethniques, curieusement… - qui sont mis pratiquement de force sous Ritaline et / ou antidépresseurs/ tranquillisants / antipsychotiques… pour des maladies supposées… La plupart du temps, ce sont les enseignants débordés dans les écoles publiques qui sont excédés et poussent au traitement. Il existe même un plan de dépistage des maladies mentales chez des enfants, sous forme de QCM à remplis à l’école, sans les parents, sans un médecin. Ca s’appelle TeenScreen, grande victoire de l’industrie pharmaceutique, et surtout d’une firme texane copine de la famille de Bush…

Et c’est ce qui a inspiré Sarkozy dans le projet de fichage des enfants : dépister des troubles du comportement dès l’âge de 3 ans… Conséquence : les ventes de l’industrie pharmaceutique explosent, on médicalise chaque aspect de la vie et on se retrouve avec un traitement dès qu’il y a le moindre écart par rapport à la moyenne

Ca paraît horrible et trop exagéré ? Il suffit de faire une recherche dans les revues médicales et les sites médicaux indépendants de l’industrie pharmaceutique. Le site Pharmacritique offre plein d’illustrations de ce phénomène de « médicalisation infinie », pour le grand bonheur de l’industrie pharmaceutiques et des médecins qu’elle paie pour préparer l’opinion publique à accepter qu’il faut tout traiter…

20/03/2008

L'Enantone est-elle tolérable et efficace? Qu'en est-il des effets indésirables de longue durée?

La Fondation américaine Endometriosis Research Center est indépendante, fait preuve de transparence dans son fonctionnement, son financement et ses rapports avec le monde médical et l'industrie pharmaceutique. Elle ne reçoit pas d'argent des firmes pharmaceutiques, ce qui est une garantie d'objectivité dans ce monde où les firmes paient des médecins connus - des "leaders d'opinion" - pour faire la promotion de leurs médicaments à travers des articles dans la presse spécialisée ou les media grand public. Elles paient les médecins en finançant leurs travaux, en les invitant à des congrès dans des palaces luxueux au soleil, en leur octroyant divers avantages, en éditant leurs travaux, etc. Ainsi, il suffit d'une petite recherche "endométrioses Takeda" pour voir que le laboratoire Takeda Abbott, producteur de l'Enantone, a financé et même édité directement le seul ouvrage de référence sur l'endométriose, et ce depuis 1994... Ouvrage collectif auquel  ont contribué la plupart des spécialistes français (vrais ou autoérigés tels)...

Cela ne serait pas possible dans un pays anglo-saxon sans discréditer la réputation des spécialistes en question. Puisque cela s'appelle un conflit d'intérêt: l'intérêt financier du médecin en question est opposé à l'intérêt de la santé du patient... Tout le monde imagine aisément que Takeda n'a pas financé l'ouvrage pour s'entendre dire que l'Enantone n'est pas utile dans l'endométriose, qu'elle est même contre-productive par rapport à la chirurgie et a par ailleurs beaucoup trop de risques d'effets secondaires graves et de longue durée, ce qui rend son emploi déraisonnable dans une maladie où il y a des alternatives moins dangereuses et dont l'usage peut être interrompu rapidement en cas de problème (ce qui n'est pas le cas avec les piqûres à libération prolongée). Ce sont bien entendu les progestatifs, médicaments de première intention, comme le disent les Recommandations de l'Afssaps.

Cette Fondation indépendante, que vous trouverez partout sur Internet sous le sigle ERC, a parmi ses conseillers quelques-uns des spécialistes mondialement reconnus dans le traitement de l'endométriose - et connus aussi pour leur indépendance. Tels le numéro un mondial en la matière, le Dr David B. Redwine, opposé à l'utilisation de tout traitement hormonal, qui est contre-productif en chirurgie de l'endométriose. Les affirmations du Dr Redwine ont un poids particulier parce que c'est l'un des pionniers de la technique chirurgicale qui s'impose peu à peu partout dans le monde comme étant la meilleure - l'exérèse des lésions -, mais aussi parce qu'il ne soigne que des endométrioses depuis 30 ans, qu'il a beaucoup contribué à la description de la maladie, y compris dans ses formes les moins connues et, last but not least, que son taux de succès est le plus important au monde. En effet, Redwine arrive à 60 à 70% de guérison en une à deux opérations qui font l'exérèse de toutes les lésions en même temps, quelle que soit leur localisation. Le succès a une condition nécessaire: que la chirurgie se fasse sans traitement hormonal préalable, pour que le chirurgien puisse tout voir et tout extirper à la fois, se laissant guider aussi par les inflammations et autres réactions provoquées par des lésions gonflées à bloc en oestrogènes. Réactions qui servent de "guide" notamment pour des lésions ou nodules en profondeur, dont le seul signe en surface est un phénomène inflammatoire, un saignement, etc. Ces signes de souffrance du tissu entourant la lésion d'endométriose diminuent ou disparaissent temporairement sous traitement hormonal, ce qui fait que beaucoup de lésions, nodules, etc. qui ne sont pas directement accessibles, ne seront pas vus par le chirurgien qui les laissera en place. Inutile de dire que ce qui n'est pas opéré reprendra son activité - et causera à nouveau des douleurs - dès que les règles reviendront... Et le chirurgien lambda imposera un autre traitement hormonal, il y aura une autre chirurgie incomplète, etc. Cercle vicieux infernal...

Enfin... La Fondation ERC qui bénéficie de l'expertise des meilleurs spécialistes américains a pris ouvertement position contre l’utilisation abusive des analogues de la GnRH, prescrits souvent avant même que le diagnostic d’endométriose soit histologiquement confirmé. La Fondation a réalisé deux enquêtes auprès de femmes souffrant d'endométriose, afin de connaître l'efficacité de l'Enantone dans la diminution des symptômes, puis la proportion des femmes ayant eu des effets secondaires de courte, moyenne et longue durée, non pas pendant le traitement, mais une fois l'Enantone arrêtée.

L'Enantone s'appelle LUPRON aux Etats-Unis (et au Canada), mais c'est exactement le même produit: l'acétate de leuproréline ou leuprolide. Il n'est question que d'Enantone/Lupron, parce que c'est elle qui a le monopole aux Etats-Unis, où les autres - Trelstar ou Gonapeptyl/ Décapeptyl ou encore Zoladex - commencent à peine à émerger.

Une première enquête a porté sur les effets de l’Enantone pendant la durée du traitement :

  • 27.71% estiment l’Enantone tolérable et efficace dans la diminution des symptômes (c’est-à-dire surtout diminution de la douleur);
  • 7.23% estiment l’Enantone tolérable mais inefficace dans la diminution des symptômes;  
  • 16.87% estiment l’Enantone intolérable mais efficace dans la diminution des symptômes;  
  • 48.19%, près de la moitié des participants, ont indiqué que l’Enantone était intolérable et inefficace dans la diminution des symptômes. 
Une deuxième enquête a porté sur les effets secondaires à long terme de l’Enantone, donc des mois voire des années après l’arrêt du traitement :
  • 21.67% n’ont pas subi d’effets secondaires durables après l’arrêt de l’Enantone;
  • 26.67% ont subi des effets secondaires durant près de 6 mois après l’arrêt ;
  • 10.00% ont subi des effets secondaires jusqu’à un an après l’arrêt ;
  • 5.00% ont subi des effets secondaires jusqu’à deux ans après l’arrêt ;
  • 6.67% ont subi des effets secondaires jusqu’à trois ans après l’arrêt ;
  • 6.67% ont subi des effets secondaires jusqu’à quatre ans après l’arrêt ;
  • 23.33%, ont subi ces effets pendant 5 ans ou plus après avoir arrêté.
Ces effets secondaires incluent les troubles cardiovasculaires, l'épilepsie et la fibromyalgie, mais cette liste est loin d'être exhaustive.

Ces enquêtes n’ont porté que sur l’Enantone. Si l’on pense au fait que les autres analogues agonistes GnRH (Décapeptyl, Synarel, Zoladex, Suprefact, Eligard, Bigoniste, Diphéréline, Lucrin, Lupron, Ginecrin, Prostap...) sont tout à fait semblables, ont le même mode d'action sur l'axe hypothalamo-hypophysaire-ovarien (ou testiculaire chez les hommes) et sur le réseau de neurotransmetteurs impliqués et ont les mêmes effet secondaires, les évaluations donnent le vertige...

Chacun de ces médicaments détraque - chez tout le monde - le système nerveux végétatif, avec des conséquences plus ou moins marquées, plus ou moins longues, sans que l'on puisse dire pourquoi certaines personnes réagissent plus fortement que d'autres. Compte tenu des fonctions du système nerveux végétatif (ou autonome), les réactions adverses peuvent intervenir n'importe où, ce qui donne un tableau tellement diversifié d'effets secondaires, que certains ont du mal à croire que tout peut venir d'un seul médicament: nodule ou maladie autoimmune de la thyroïde, urticaire, choc anaphylactique/allergique, accident vasculaire cérébral ou ischémie transitoire, embolie pulmonaire, pneumopathie, tendinites, douleurs musculaires, arthralgies ou douleurs articulaires, fractures, neuropathies et autres maladies neurologiques et neuromusculaires, troubles visuels (hémorragie de la rétine, rétrécissement du champ visuel, nerfs optiques endommagés par un oedème, etc.), troubles auditifs, maux de tête, migraines caractérisées, hypertension ou hypotension, battements du coeur ralentis ou au contraire accelérés (palpitations), infarctus, faiblesse musculaire ou au contraire raideur, spasticité, contractures (neuro)musculaires, vertiges, asthénie, fatigue chronique, dépressions, idées suicidaires ou au contraires épisodes d'euphorie et de manie, fibromyalgies, apoplexies ou hémorragies de l'hypophyse, tumeurs (adénomes) hypophysaires, mais aussi troubles hépatiques (du foie), troubles gastro-intestinaux allant des ulcères aux nausées, vomissements, constipations très fortes ou au contraire diarrhées... La liste est loin d'être exhaustive...

Sans parler des maladies autoimmunes comme le Lupus ou de douleurs. Beaucoup de notices étrangères mentionnent les douleurs généralisées, y compris chez les enfants. Les douleurs thoraciques méritent une mention spéciale, parce qu'elles sont très angoissantes et font penser à un problème aigu du coeur, alors qu'il s'agit d'une réaction (la plupart du temps) neuromusculaire, la raideur et les contractures des muscles menant à un syndrome myofascial qui peut donner des douleurs à distance.

Le syndrome myofascial intervient très souvent dans le tableau des effets secondaires, à divers endroits du corps, y compris la tête et la face, associé ou non à d'autres maladies. Et ce pour la raison décrite ci-dessus: les contractures (neuro)musculaires créent des petites zones noueuses dans les muscles, qu'un spécialiste sent à la palpation, et qu'on appelle "point gâchette", parce qu'appuyer sur cette zone ou l'activer par un mouvement, etc. déclenche des douleurs à distance, selon le trajet du muscle ou de son support (myofascia, d'où le nom du syndrome) et/ou selon le trajet du nerf qui est éventuellement comprimé par ce "noeud" dans le muscle.

Vous trouverez beaucoup plus d'informations sur le syndrome myofascial comme sur d'autres effets secondaires et sur les solutions possibles dans le groupe de discussion de l'association: http://fr.groups.yahoo.com/group/VictimesEnantone/

Si vous ne souffrez pas d'un cancer et n'êtes pas dans un cas de force majeure, un seul conseil: prenez la fuite si on vous propose l'Enantone, le Décapeptyl, le Zoladex, le Synarel, Bigoniste, Suprefact ou la même chose sous un nom étranger: Gonapeptyl, Trelstar, Diphéréline, Lucrin, Lupron, Leuplin, Ginecrin, Procrin... Faites-vous expliquer les raisons de la prescription et pourquoi le médecin ne vous prescrit pas de progestatif, par exemple.

Bien entendu, nous ne sommes pas médecins et ne donnons pas de consultations médicales! Nous vous apprenons juste la distance critique, le regard critique, la recherche d'informations autres que celles françaises, quasi inexistantes. Chez nous, c'est toujours l'effet Tchernobyl, alors il faut regarder ailleurs. Nous sommes des victimes ayant souffert parfois pendant des années, et qui ont appris qu'il ne fallait pas faire confiance aveuglement à un médecin, même (ou surtout) s'il est très réputé, parce qu'il pourrait avoir un intérêt financier à prescrire tel médicament, par exemple à cause d'un contrat avec le laboratoire producteur ou d'une étude qu"il a commencé en prescrivant Enantone à tout le monde, et qu'il ne laissera pas tomber parce qu'il a appris qu'il y avait tel ou tel effet secondaire... C'est à vous d'apprendre à ne pas vous laisser intimider, ne pas vous laisser faire, parce que c'est votre santé, votre corps, et qu'aucun médecin n'a le droit de vous imposer un tel traitement, d'autant plus qu'il n'est absolument pas indispensable et qu'il n'est pas non plus celui de première intention. Dire: si vous ne prenez pas Enantone ou Décapeptyl en préopératoire, alors je ne vous opère pas, est mauvais signe. C'est un chantage, et cela n'a rien de légal ni de déontologique.

D'autres médecins sont de bonne foi, mais se laissent influencer par la propagande savamment entretenue par les laboratoires et les médecins "leaders d'opinion" qu'ils paient; ces médecins-là croient naïvement que les analogues agonistes GnRH (ou LHRH - ils sont utilisés comme des synonymes) sont effectivement efficaces et indispensables dans la prise en charge d'une endométriose ou d'un fibrome ou d'une puberté précoce, même au-delà de l'âge limite: 8 ans chez les fillettes, 10 ans chez les garçons.

 Plus d'infos dans le groupe de discussion "Victimes Enantone" (qui concerne tous les autres médicaments de la même classe).